Proche de victime

Quoi faire?

Proche / Parent / Conjoint(e)

Que vous soyez le parent, le ou la conjoint(e), un ou une ami(e) ou l’enfant d’une personne qui a subi une agression sexuelle, il est tout à fait normal de ne pas savoir comment réagir, se poser des questions ou avoir besoin de soutien. Il est même souhaitable d’être accompagné par des intervenants qualifiés lors d’un dévoilement* d’abus, et ce, peu importe que l’abus soit passé ou récent.

*Il est question de dévoilement lorsque la personne victime brise le silence sur l’abus subi, avec un proche ou un intervenant (sans nécessairement faire une démarche d’ordre policière).

Conséquences possibles chez la personne victime

  • Conséquences physiques: blessure, fatigue, maux de tête, ITSS, etc.
  • Conséquences psychologiques/émotives: tristesse, colère, culpabilité, dépression, faible estime de soi, anxiété, idée suicidaire, etc.
  • Conséquences sexuelles: dégoût, hypersexualisation, douleur lors de relation sexuelle, etc.
  • Conséquences comportementales: automutilation, isolement, difficulté relationnelle, trouble alimentaire, problème de dépendance, etc.
  • Autres: difficulté financière, difficulté scolaire, difficulté au niveau du processus judiciaire, etc.

Ceci n’est qu’une brève liste de certains impacts possibles; certaines des conséquences énumérées peuvent être attribuables, aussi, à d’autres situations en comorbidité de l’agression. La quantité ou l’importance des conséquences vécues par la personne victime ne témoigne pas de l’ampleur de l’agression en tant que tel. Il est aussi possible que les impacts de ce traumatisme surviennent des années, voire des décennies, plus tard.

Impacts / réactions possibles pour un proche / parent / conjoint(e)

Les conjoint(e), parent, enfant ou ami(e) d’une personne victime d’agression sexuelle peuvent aussi vivre des impacts dans ce genre de situations. Il n’y a pas d’émotions plus « normales » ou « correctes » que d’autres. Cependant, il importe d’apprendre à les vivre de façon adéquate et les diriger vers les bonnes personnes; en ce sens, ne pas oublier que la personne victime n’est en aucun temps responsable d’un tel acte criminel, peu importe le contexte dans lequel cela s’est produit.

Se diriger vers des professionnels et les bonnes ressources peut donc être très bénéfique et aidant autant pour la personne proche que la personne victime elle-même. Voici quelques exemples de réactions possibles :

  • La colère ou la honte
  • La culpabilité
  • L’impuissance
  • La tristesse
  • L’incompréhension
  • La surprise
  • La surprotection
  • Difficulté dans la relation avec le conjoint(e)
  • Le dévoilement a remis en surface une agression survenue dans le passé
  • Relâchement dans la discipline de l’enfant
  • La peur

Attitudes aidantes à adopter

  • Croire la personne
  • Ne pas juger la personne
  • Offrir son écoute
  • Souligner à la personne son courage d’en avoir parlé
  • Ne pas banaliser, minimiser ou dramatiser
  • Ne pas questionner la personne
  • Respecter son rythme et ses émotions
  • Référer la personne vers une ressource d’aide
  • Soutenir la personne dans ses décisions
  • Rassurer la personne
  • Favoriser l’autonomie et non surprotéger

Si la personne victime est mineure, il ne faut pas garder le secret. Un signalement à la Direction de la Protection de la Jeunesse ou une dénonciation policière doit être fait rapidement (cliquez ici pour les ressources). Dites à l’enfant qu’il a bien fait de vous en parler. Ne pas questionner l’enfant est également important.

Il se peut aussi que vous ne sachiez pas comment aider la personne. Dans ce cas, vous pouvez être honnête avec la personne et le lui nommer, tout simplement. Vous n’avez pas besoin d’être intervenant(e) pour écouter une personne, ni même pour consoler une personne qui pleure. Il est possible d’appeler, en tout temps, une personne spécialisée afin de mieux vous soutenir.

Comment être un témoin actif?

La problématique des violences sexuelles concerne tout le monde et il est essentiel de se sentir impliqué(e) lorsque nous sommes témoin de ce genre de situations incommodantes, voire criminelles. Plusieurs actions contribuent à prévenir les violences sexuelles et, aussi, à y mettre un terme. Certaines attitudes gagnantes et ressources d’aide sont aussi à notre disposition, mais tout d’abord :

Si vous êtes en situation d’urgence;
Si vous craignez pour votre sécurité, pour votre intégrité physique ou pour votre vie;
Si vous êtes témoin d’une agression;
Si vous venez d’être victime d’une agression sexuelle:
Appelez immédiatement les services d’urgence 911, la Sûreté ou le service de sécurité de l’endroit.

Étrangement, plus il y a de gens autour d’une personne en détresse urgente, moins grandes sont les chances que cette personne soit aidée. C’est ce qu’on appelle l’«effet du passant». Et pourtant, selon des études américaines, la présence d’un témoin actif diminue de grandement le risque qu’une agression sexuelle soit commise*. Un témoin actif est une personne qui observe un comportement inacceptable dirigé envers quelqu’un d’autre et qui intervient pour changer le cours des évènements.

*https://www.lesoleil.com/actualite/violences-sexuelles-le-ba-ba-du-temoin-actif-de0308b99a616c4e9999baea79ef026f

Actions préventives

  • Accorder du crédit aux personnes qui ont subi des violences sexuelles.
  • Analyser nos propres croyances et préjugés concernant le rôle des genres, la sexualité et la violence sexuelle.
  • Réfléchir aux messages sexistes et oppressifs que nous rencontrons dans la culture populaire et les médias et mettre ces messages en question.
  • Faire front aux personnes qui propagent des mythes sur les violences sexuelles, qui rejettent la faute sur les victimes, qui ont des propos misogynes, sexistes ou qui font des blagues empreintes de violence sexuelle.
  • Encourager les relations égalitaires pour contrer toute forme de violence sexuelle.
  • Incarner le respect (se respecter tout d’abord) et réagir au manque de respect.
  • Se doter de moyens pour réagir avec puissance et confiance lors de situations de violence (par exemple, en suivant un cours d’autodéfense ou d’arts martiaux).
  • Si on sort en groupe, dans un bar ou autre, s’assurer que tous les membres du groupe sont présents et en sécurité jusqu’à la fin de l’activité. S’il y a lieu, nommer une personne qui en sera responsable.
  • En compagnie d’une personne qui est dans un état avancé de consommation de drogues et/ou d’alcool:
    • Lui offrir d’espacer les consommations;
    • Lui proposer une consommation sans alcool;
    • Ne pas la laisser seule, jusqu’à ce qu’elle soit en lieu sûr;
    • Lui demander avec qui elle est arrivée et l’aider à retrouver ses amis (si vous n’étiez pas ensemble).

Actions directes (agir dans une situation de violence sexuelle)

  • Si vous êtes en mesure d’agir en toute sécurité, prenez les moyens pour faire cesser la situation de violence, sinon dénoncez-la à une ressource compétente (garde de sécurité, responsable de l’endroit, personne de confiance, etc.). Et surtout, n’hésitez pas à composer le 911; écoutez votre intuition et agissez.
  • Établissez un contact (visuel ou par texto, par exemple) avec la personne en difficulté et communiquez-lui clairement votre soutien. Prévenez l’entourage et, si possible, intervenez à plusieurs pour faire cesser les comportements inappropriés. Vous pourriez même demander à l’entourage de la personne inadéquate d’intervenir auprès de celle-ci pour qu’elle cesse les comportements violents ou même, aller lui taper directement sur l’épaule pour lui dire qu’elle va trop loin et que ses gestes n’ont pas lieu d’être.
  • Permettez à la personne victime de sortir de la situation en agissant comme si vous la connaissiez (si ce n’est pas le cas), détournez l’attention de l’agresseur (cris, grimaces, claquer les mains, faire du théâtre, sonner une alarme, etc.) et aidez la personne victime à se mettre en lieu sûr.
  • Dans certains bars du Québec, il est possible de commander un « Angelot ». En commandant un « Angelot », vous avisez une personne responsable que vous êtes dans une situation de danger ou que vous craignez le devenir. Pour en savoir plus : https://www.commandeunangelot.com/.
  • Vous pouvez également jouer un rôle important par votre témoignage en faveur de la personne qui a été victime de violences sexuelles.
  • Référez la personne aux ressources qui peuvent l’aider, s’il y a lieu.
Rappelez-vous que le soutien que vous apportez à la victime fera une grande différence… pour elle et pour le reste de la société.

Attitudes aidantes

  • Croyez ce que la personne victime vous dit et respectez son vécu.
  • Écoutez ce que la personne victime a à dire, sans porter de jugement. Laissez-la s’exprimer dans ses mots, à sa façon et à son rythme. Normalisez les réactions, émotions et sentiments (colère, culpabilité, tristesse, etc.) qu’elle pourrait vivre.
  • Recevez ce que la personne victime vous partage, sans minimiser ni amplifier les faits, les émotions ou les conséquences.
  • Déculpabilisez (s’il y a présence de ce sentiment) la personne, car ce n’est pas de sa faute si elle a subi une agression sexuelle. La personne qui agresse est entièrement responsable de ses actes.
  • Soulignez et valorisez les forces et le courage de la personne à vous parler de son vécu et encouragez-la à prendre soin d’elle.
  • Favorisez son autonomie en aidant la personne victime à reprendre du pouvoir sur sa vie. Donnez-lui de l’espace pour respirer, pour reprendre son niveau de fonctionnement habituel.
  • Accompagnez la personne victime. Montrez-lui que vous êtes disponible, ou si non, référez-la à une ressource d’aide et/ou faites-vous aider par cette dernière.

Obligation de signalement

La protection des enfants est une responsabilité collective. En vertu de la Loi sur la protection de la jeunesse (RLRQ, chapitre P-34.1), toute personne a l’obligation de faire un signalement soit à la police (911) ou au Directeur de la Protection de la Jeunesse (DPJ) si elle a un motif raisonnable de croire qu’un enfant de moins de 18 ans est victime (ou court un sérieux risque) d’être victime d’abus sexuel. Toutes les situations d’abus sexuels, avec ou sans contact physique, doivent être signalées, sans délai, à la police ou au DPJ, peu importe l’auteur des abus et les moyens pris par les parents/tuteurs pour corriger la situation»